Préhistoire
Le pays a été occupé depuis des temps très anciens, comme l'attestent les nombreux outils de pierre trouvés en Côte d'Ivoire et remontant au Paléolithique (il y a plusieurs centaines de milliers d'années). A l'époque plus récente du Néolithique (5000 à 10000 ans avant notre ère), le Sahara commence à se désertifier. Devant l'assèchement progressif de leurs terres arables et de leurs pâturages, les Africains du Nord descendent vers le Sud
pour y retrouver de bonnes conditions climatiques (taux d'hygrométrie plus élevé), y continuer à s'adonner à l'élevage ou à l'agriculture. Cette lente migration vers le Sud va bouleverser la géographie humaine des pays subsahariens, où des peuples très anciens vivaient déjà et durent se replier pour laisser la place aux nouveaux arrivants. Parmi ces peuples archaïques, il y avait certainement les Pygmées, réfugiés aujourd'hui dans
la grande forêt d'Afrique Centrale et dont l'implantation aux temps préhistoriques était signalée par les Egyptiens et l'historien grec Hérodote jusque dans la haute vallée du Nil.
• Les pygmées ont peut -être été les premiers habitants de la Côte d'Ivoire. Dans leur tradition orale, la plupart des peuples actuels, en particulier les Dan-Yacouba, racontent que leurs ancêtres, arrivant dans le pays y ont trouvé des " petits hommes roux " qu'ils repoussèrent dans la forêt. D'autres font état de " petits hommes bruns ", dotés de pouvoirs surnaturels auxquels il faut faire des cadeaux pour se les concilier. On peut penser que ces pygmées, qui ont disparu aujourd'hui de la Côte d'Ivoire, ont été décimés, repoussés vers l'extérieur ou complètement assimilés.
Migrations et royaumes
Jusqu'à une date récente, la Côte d'Ivoire a été l'objet de grandes migrations. Les premières commencèrent peut être au premier millénaire avec les Sénoufo qui s'installèrent dans le Nord. Puis arrivèrent par vagues, aux Xve -XVIe siècles, les Malinké (appartenant au peuple Manding), lorsque le grand empire du Mali tomba en décadence. Beaucoup s'installèrent dans les régions septentrionales (autour d'Odienné, Boundiali et Kong), occupant une partie de l'ancien territoire des Sénoufo et y créant des petits royaumes. Dans le même temps, d'autres peuples Mandé, comme les Dan et
les Gouro se fixèrent dans l'ouest et le centre du pays, repoussant vers le sud-ouest et la Basse-côte les peuples Krou (Wè,Bété, Dida, etc). Au XVIIIe siècle, une partie de ces peuples d'origine Manding appartinrent au royaume de Kong, fondé par Sékou Ouattara, puis au XIXe siècle au Kabadougou (autour d'Odienné, créé par Vakaba TOURE), ainsi qu'à l'empire du conquérant Malinké Samory TOURE ( fondé en 1880).
• Venus du nord-est, les Dagomba (du groupe voltaïque) conduits par le Prince Bonkani occupent la région de Bouna au XVIIe siècle, où ils fondent le royaume du même nom, et prennent alors le nom de Koulango. A la fin du siècle dernier, le royaume de Bouna sera réduit à néant par les troupes de Samory TOURE.
• Les grandes migrations des Akans, qui commencent à la fin du Xve siècle, sont les plus célèbres. Ce sont d'abord les " lagunaires " (Abè, Ebrié, Avikam, Attié, etc) qui occupent toute la grande région autour d'Abidjan. Comme les lagunaires, les Abron quittent l'Ashanti (actuel Ghana), soumettent les Koulango et s'installent dans la région de Bondoukou, où leur royaume s'organise au XVIIe siècle. Venant aussi de l'Ashanti, une première vague Agni se fixe en 1680 dans la région d'Aboisso et y crée le petit royaume du Sanwi.
Après la bataille de Feyiasé en 1701, où l'empereur Ashanti Oseï Toutou écrase les armées du Denkyira, beaucoup de vaincus Agni quittent le Ghana et s'installent au bord de la Comoë (région d'Abengourou). Ils y fondent leur capitale Zaranou et le royaume du Ndenyé, qui sera bientôt dans la sphère d'influence de l'Ashanti. Petit mais très prospère, le Ndenyé tirait sa richesse de ses mines d'or, puis, au Xxe siècle, par la culture du café et du cacao.
• Chassé du Ghana à la suite de querelles de succession au trône de l'Ashanti, la reine Abla Pokou entraîne le clan Akan des Assabou vers l'ouest. Selon la légende, ils sont arrêtés par la Comoë. Mais en sacrifiant son fils, Abla Pokou obtient de Dieu un miracle : il fait tomber un arbre géant en travers du fleuve, permettant le passage des fugitifs, puis relève cette passerelle improvisée à l'arrivée de leurs poursuivants Ashanti.
En souvenir du sacrifice du fils d'Abla Pokou, ses sujets prirent le nom de Baoulé (" baouli " signifiant : " l'enfant est mort "). Après avoir repoussé les Sénoufo vers le Nord, les Baoulé se taillent un royaume dans le centre de la Côte d'Ivoire.
Installés dans leur capitale Sakassou, au Sud de Bouaké, leurs souverains régneront jusqu'à la fin du siècle dernier sur un territoire qui s'était réduit comme une peau de chagrin. En effet, à partir du milieu du XIXe siècle, le royaume baoulé s'était fractionné en d'innombrables chefferies indépendantes du pouvoir central.
Les Européens et la traite
L'arrivée des navigateurs portugais. Tandis que tous ces peuples traversent l'Afrique de l'Ouest et s'y délimitent des territoires, le plus souvent par la force, les premiers Européens apparaissent dans le golfe de Guinée à la fin du Xve siècle. Ce sont des navigateurs portugais, dont les intentions à l'époque étaient tout à fait pacifiques. Ainsi, en 1471, Joao de Santarem et Pedro de Escobar doublent le cap des palmes et atteignent une rivière à laquelle ils donnent le nom de San Andréa ( qui sera déformé ensuite en Sassandra).
Mais avec la découverte de l'Amérique (les Antilles) par Christophe Colomb en 1492 et le début de l'économie de plantation, tout change. Les indiens ayant été décimés parce qu'ils ne supportaient pas les travaux imposés par les conquistadors européens, il faut trouver de la main d'œuvre. Celle-ci est toute désignée : à partir du XVIe siècle, les Africains seront déportés en masse vers le Nouveau Monde. Tous les Etats européens y contribueront en fondant des comptoirs sur les côtes africaines, jusqu'à l'abolition de la traite négrière au siècle dernier.
• Ce sinistre trafic prendra le nom de " commerce triangulaire ". En effet, le premier côté du triangle correspond au départ d'Europe des navires négriers chargés de pacotille (perles, miroirs, étoffes ). Ils descendent vers les côtes africaines où ils troquent leur marchandise contre des esclaves. Puis ils repartent sur le Nouveau Monde (deuxième côté du triangle) et échangent aux Antilles ou en Amérique leurs " bois d'ébène " contre du sucre, du rhum ou du coton. Dernier périple fermant le triangle : le retour vers l'Europe où le rhum, le sucre et
le coton sont vendus contre de l'argent comptant. Le cycle est terminé, le navire négrier est prêt pour un autre voyage.
• Pendant cette période, la côte des Males Gens (actuelle côte ivoirienne) verra arriver à Sassandra, Grand-Lahou et Jacqueville les traitants cherchant des esclaves et de l'ivoire, ainsi que les premiers missionnaires. En 1687 , le père Gonsalvez fonde une chapelle à Assinie. D'Assinie également vint le jeune prince Aniaba, qui se rendit à Versailles où Louis XIV en fit son filleul, le nomma officier et lui fit commander une compagnie de cavalerie, après l'avoir fait baptiser par Bossuet.
La colonisation
Au XIXe siècle, l'esclavage ayant été aboli, les grandes puissances européennes cherchent d'autres ressources à exploiter en Afrique : latex, bois, ivoire, or et pierres précieuses. Pour en faire l'inventaire, ils lancent des explorateurs à l'intérieur du continent noir, qui vont signer également des traités avec les chefs africains, plaçant leurs territoires sous tutelle. Dès 1830, en Côte d'Ivoire, l'officier de marine français Louis Edouard Bouët Willaumez commence à faire signer des traités par tous les chefs africains sur la côte Atlantique. Quelques années plus tard,
il sera suivi par Treich-Laplène et par Binger, qui obtiendront la signature des chefs de l'intérieur ( Abron de Bondoukou et Dioula de Kong), dans les années 1880.
La guerre contre SAMORY
Mais les Français vont avoir affaire à dure partie avec l'almamy Samory TOURE , en train de se tailler un empire en Afrique de l'ouest. Après la destruction de Bouna par les soldats (" sofas ") du chef Malinké, les français envoient des colonnes militaires contre lui, en 1892 ; Défaits, les français doivent se replier tandis que Samory TOURE détruit Odienné, puis Kong en 1895. Après plusieurs batailles, l'almamy est finalement capturé en 1898, puis déporté au Gabon.
• Entre temps, la France solidement installée à Assinie et Grand-Bassam fait de la Côte d'Ivoire une colonie en 1893, avec Binger comme premier gouverneur. Capitale de la Côte d'Ivoire, Grand-Bassam est atteinte par une terrible épidémie de fièvre jaune et vidée de ses habitants en 1899. Bingerville lui succède. En 1902, toute l'Afrique de l'ouest fait partie de l'AOF (Afrique Occidentale française), dont le gouverneur réside à Dakar. En 1934, Abidjan remplace Bingerville comme capitale de la Côte d'Ivoire.
Vers l'indépendance
Lors des deux guerres mondiales, toute l'Afrique française paiera un lourd tribut en hommes et en vivres au conflit. Puis en 1944, la conférence de Brazzaville réunie par De Gaulle amorce l'idée d'une autonomie possible des colonies françaises. Après-guerre, des intellectuels africains militent de plus en plus pour l'indépendance. Parmi eux, le médecin ivoirien Félix Houphouet Boigny. Il est élu député et part siéger à l'assemblée constituante de Paris où il fait voter en 1946 la loi abolissant le travail forcé dans les colonies françaises. La même année, il est un des fondateurs à Bamako du RDA (Rassemblement Démocratique Africain) auquel appartiennent les dirigeants africains les plus importants de l'empire français. A la suite de provocations, les leaders ivoiriens sont emprisonnés à Grand-Bassam, puis relâchés. En 1952, HOUPHOUET est élu à l'assemblée territoriale, puis entre au parlement français quatre ans après . Durant cette même année 1956, il devient ministre délégué en France, ce qui lui permet de travailler à la loi-cadre sur les territoires d'outre-mer, votée en juin 1956. Président du grand conseil de l'AOFen 1957 et Premier Ministre, deux ans après, de la Côte d'Ivoire, il mène celle-ci à l'indépendance le 7 Août 1960 et en prend la présidence.
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